Vacances en Indo

Un aimable fantasme ennoblit les premières pages, un autre orne les dernières.

Dans l'intervalle, un animal fabuleux, peut-être le Dragon d'Annam, déroule les anneaux de sa queue dans les méandres des souvenirs laissés par une guerre morte depuis un demi-siècle. Restées lovées bien à l'abri dans un petit canton de la mémoire, les réminiscences ont gardé une étonnante fraîcheur. Une plume alerte en rend compte, trempée dans une langue pour le moins colorée. Mais ne nous y trompons pas, comme disent les bons auteurs et les autres, ce livre se classe dans la catégorie de l'anti-roman.

A l'époque sous revue, en 1951, nos unités professionnelles et l'armée vietnamienne en cours de formation tentent de retarder le pourrissement du Delta tonkinois. Le permis d'inhumer l'Indochine française ne sera délivré que trois ans plus tard. Certes, les évènements relatés ne sauraient plus intéresser grand monde aujourd'hui. Pourtant deux jumeaux, Miko et Mika, paraissent se sentir concernés, peut-être par politesse.

Ils incitent leur grand-père à en raconter un peu plus qu'il ne le ferait naturellement. Et surtout, vers la fin, les voilà qui le contraignent à effectuer un " renvoi d'angle " en direction du jour présent. Des sujets très généralement occultés sont alors abordés. La micro-histoire individuelle rejoint l'histoire qui se fait.